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Notre comité d'experts perché sur ses pythiques certitudes a beau jeu de se présenter comme une formation indépendante, la plupart de ses membres figurent parmi le gotha du capitalisme français ; on y trouve ainsi le très libéral Claude Bébéar, ancien fondateur et président de l'assureur AXA, également président-fondateur de l'Institut Montaigne, Peter Brabeck-Letmathe, PDG de Nestlé, René Carron, PDG du Crédit Agricole S.A., Xavier Fontanet, PDG de Essilor, Éric Labaya, Directeur général de McKinsey France, Anne Lauvergeon, présidente d'Areva, Luc-François Salavador, PDG de
Bref, vous l'aurez compris, une pléiade de révolutionnaires enragés, assistés dans leur salutaire mission d'une poignée de scientifiques et d'économistes connus pour leurs positions progressistes : Yves de Kerdrel, éditorialiste au Figaro, Jean-Philippe Cotis, Directeur Général de l'INSEE et ancien directeur de l'OCDE, Christian de Boissieu, économiste et président du Conseil d'analyse économique (CAE), Jean-Pierre Landau, Second sous-gouverneur de
Enfin, on compte parmi les membres de cette Commission, dont il est décidément si difficile de remettre en cause l'impartialité, quelques hommes politiques et anciens dirigeants dont les citoyens français et européens continuent d'apprécier les fulgurantes réformes : Evelyne Gebhardt, parlementaire européen élue en Allemagne, rapporteuse de la proposition de directive sur les services dans le marché intérieur dite également "Bolkestein", Mario Monti, commissaire européen pour le marché intérieur et les services financiers de 1995 à 1999 , puis de 1999 à 2004 à la concurrence, Franco Bassanini, universitaire et homme politique italien, ancien ministre pour la réforme de l'État et ancien membre du Comité d'Evaluation des Stratégies ministérielles de réforme créé par Jean-Pierre Raffarin en 2003, ...
Le rapport de
Sur
Il est clair que les désaccords feints entre le pouvoir présidentiel et
Dans leur désir de plaire à leur maître et de ne pas le mettre dans l'embarras, les rapporteurs proposent, sans évoquer l'épineuse et trop partisane question des 35 heures, de "permettre aux entreprises de déroger à la durée légale du travail, à la condition expresse que cette disposition dérogatoire soit prévue par un accord de branche et fondée par un accord majoritaire dans l’entreprise" et d' "autoriser plus largement le travail le dimanche", reprenant ainsi quasiment mot pour mot les déclarations de Fillon quelques jours avant la publication du rapport.
"Contrairement à ce qui était jusqu’ici communément admis, poursuit le rapport, ce n’est pas seulement la croissance qui crée l’emploi, c’est aussi le travail qui crée la croissance. À productivité égale, la quantité et la qualité de travail produites par chaque Français en une année sont inférieures de 30 % environ à ce qu’elles sont outre-Atlantique. Dans ces conditions, tout ce qui permet d’augmenter, de façon négociée, la quantité de travail des Français, s’ils le choisissent, constitue un formidable levier pour la croissance." A force de présenter les Français comme une bande de fainéants, on en oublierait presque
Durée effective du travail par semaine dans différents pays de l'OCDE en 2005
|
Ensemble des |
Emplois à |
Emplois à |
Taux de |
Année |
France |
36,3 h |
39,0 h |
23,2 h |
17,2 % |
2005 |
Allemagne |
33,6 h |
|
|
|
2005 |
Danemark |
35,1 h |
|
|
21,6 % |
2005 |
Espagne |
33,2 h |
35,5 h |
16,4 h |
12,4 % |
2005 |
Grande Bretagne |
31,7 h |
37,2 h |
15,7 h |
25,5 % |
2005 |
Italie |
36,2 h |
|
|
12,7 % |
2004 |
Pays-Bas |
29,2 h |
36,9 h |
18,9 h |
44,0 % |
2005 |
Suède |
36,1 h / 30,1 h |
|
|
20,3 % |
2004 |
Usa |
33,8 h |
|
|
|
2005 |
Sources :
France : Insee (insee.fr) - Enquête emploi 2005 - IP1070 ; Allemagne: Statistisches Deutschland (destatis.de) Statistische Jahrbuch 2006 - Arbeitsmarkt 3.7 Wochenarbeitsstunden ; Danemark : Statistics Denmark (dst.dk - statbank.dk) séries atr1 - aku10 ; Espagne : Instituto Estadistica (ines.es) - Population active, séries 1.4 - 3.79 - 3.80 ; Grande Bretagne : National statistics (statistics.gov.uk) Labour market, séries ybuy - ycbe - ybvb - ycbh ; Italie : Istituto di statistica (istat.it) - Annuario statistico 2005 - Lavoro - Ore effettivamente lavorate ; Pays-Bas : Centraal Bureau voor de Statistiek (cbs.nl) Statline : arbeidsduur ; Suède : Statistiska centralbyran (Statistics Sweden) (scb.se) Statistical yearbook 2006, tableaux 329 et 337 - Women and men in Sweden 2004 ; Usa : Bureau of labor statistics (bls.gov/ces) table B-2 Average hours and earnings (empsit_ceseeb2)
Dans sa quatrième ambition, la sublime Commission Attali appelle à la "construction d'une société de plein emploi", constatant que "depuis 1936, les Français vivent en moyenne 20 ans de plus et travaillent 15 ans de moins. Ces 35 années de loisirs supplémentaires ont un lourd coût en termes de croissance et ne correspondent pas nécessairement aux aspirations de chacun." Souvenez-vous! 1936, annus terribilis qui vît
Plus sérieusement, pourquoi prendre 1936 comme année de référence sinon pour accréditer l'idée, si chère à Pétain et aux organisateurs du procès de Riom, que le déclin de
Reprenons la formule utilisée dans le rapport et amusons-nous désormais à faire un rapide calcul. Nous vivons actuellement en France, hommes et femmes confondus, jusqu'à 78 ans en moyenne tandis que nous travaillons dans une vie près de trente-cinq ans. Or, si l'on lit le rapport, en 1936, les Français pouvaient espérer vivre jusqu'à 58 ans en moyenne au cours d'une vie où ils travaillaient près de cinquante ans. En suivant la logique du rapport, on peut estimer qu'à l'époque les Français commençaient à travailler à 13 ans et après une longue vie de labeur... mourraient avant même d'avoir pu espérer toucher une retraite ! Quoi de plus logique à une époque où les premières ébauches de systèmes de retraite ne garantissaient qu'un faible revenu à des travailleurs qui, de toute façon, ne pouvaient guère en profiter étant donné l'espérance de vie ? Tout cela était fort commode pour le patronat jusqu'à ce que les travailleurs obtiennent par les luttes - ou, il faut bien le dire, par la crainte suscitée par la diffusion des idées socialistes dans le monde ouvrier - l'amélioration de leurs conditions de travail, les congés payés, la réduction du temps de travail - rendu nécessaire, même d'un point de vue économique, par l'augmentation de la productivité -, la mise en place d'un système d'assurance maladie, le droit à l'éducation pour tous et non pour les seuls enfants de la bourgeoisie ; autant de conquêtes qui ont permis l'amélioration des conditions de vie, l'élévation de l'espérance de vie ainsi qu'un meilleur accès à l'éducation pour les couches populaires.
Pour les membres de la sinistre Commission pour la libération des forces du capital, c'en est déjà trop et 1936, tel un noyau coincé dans leur gorge, continue de les faire tousser d'exaspération : ces "35 années de loisirs supplémentaires" ont eu un coût trop élevé pour leurs profits, pardon, "pour la croissance". Agacés de voir encore trop de gens résister à leurs bons oracles, ces messieurs savent pourtant, quand il s'agit d'adresser au peuple leurs sages recommandations, se reprendre ; ils mettent un peu de fond de teint pour cacher leur écarlate colère et prennent l'accent chaud et sévère du bon père de famille soucieux de faire le bonheur de ces enfants. Ainsi, ces "35 années de loisirs supplémentaires", nous assènent-ils, "ne correspondent pas nécessairement aux aspirations de chacun." Nos Sybille de l'Economie savent également lire dans nos pensées et, dans leur infinie bienveillance, souhaitent également répondre à nos ardentes aspirations : travailler 48 heures par semaine jusqu'à soixante-dix ans ! Merci papa Attali !
Non seulement, nous dit
Ainsi, en ce qui concerne le logement, auquel les Français consacrent en moyenne un quart de leurs revenus, si certaines propositions tombent sous le sens – « autoriser l’État à se réapproprier le foncier disponible dans les communes ne respectant pas les exigences de la construction de logements sociaux prévus par la loi SRU » en vue de construire deux millions de logements supplémentaires d’ici 2012 –, on voit mal comment les rapporteurs entendent les financer dans la mesure où ils appellent d’autre part à réduire drastiquement les dépenses publiques et la dette des administrations publiques devenue insoutenable… Pas étonnant qu’avec ce genre de raisonnement, « les caisses soient vides » !
"Compte tenu du niveau déjà élevé des prélèvements obligatoires (44,2 % en 2006), toute augmentation des impôts pour financer cette dette [la dette publique - ndlr] risquera donc d’avoir un effet dépressif sur l’activité, et de réduire la compétitivité des acteurs économiques au vu des taux pratiqués par nos voisins" affirme doctement le rapport. Vous suivez le raisonnement ? Depuis vingt ans, au nom de la compétitivité et du fameux dicton « trop d’impôt tue l’impôt » (vous savez, la fameuse "courbe de Laffer"), on baisse le taux des prélèvements obligatoires – notamment de l’impôt sur le revenu et de l’IS – tout en accordant des exonérations de charges énormes aux entreprises (près de 23 milliards d’euros en 2006) sans que cela, d’ailleurs, ait un quelconque effet sur l’emploi. Dès lors, l’Etat, trop content de pouvoir servir les intérêts du capital, se contraint lui-même à recourir à l’emprunt. Les taux d’intérêt étant supérieurs au taux de croissance, les intérêts de la dette augmentent de façon exponentielle et engloutissent une part croissante des recettes fiscales. Au final, face à une dette devenue « insoutenable », tandis que le capital s’est engraissé grâce aux baisses d’impôts et aux intérêts de la dette contractée par l’Etat, celui-ci s’accuse lui-même d’être trop gourmand et procède à des coupes nettes dans son budget au détriment des services publics et des comptes sociaux. Les pompiers-pyromanes du gouvernement n’ont plus qu’à signer l’acte de décès de nombreux services publics et de la sécurité sociale et à organiser leur démantèlement et leur privatisation…
Le reste des propositions avancées par
Appeler à la construction de nouvelles villes d'au moins 50 000 habitants répondant aux nouvelles normes environnementales et à la relance des efforts d’investissement dans la recherche et l’innovation tout en réclamant une réduction drastique des dépenses publiques dont la part dans le PIB devra diminuer de 1 % à partir de 2009 - soit 20 milliards d'euros de réduction par rapport à la tendance - par an, pendant cinq ans ; voilà de quoi alimenter les annales pour les concours d'entrée à l'Ecole Nationale de
Bref, il s’agit là d’un rapport non seulement dangereux mais inutile que nous empresserons de jeter dans la poubelle verte destinée aux déchets non recyclables.
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